Portrait de Bertrand Bellon

Il peint des théières et des arbres depuis des années.

Une page «Portrait et Thé et Beaux Arts» découverte grâce à Bertrand Bellon, universitaire tellement passionné de peinture qu’il en est devenu peintre.
C’est lors du vernissage de l’exposition des peintures de Bertrand Bellon, «Théières de Vie» - chez George Cannon, à «l’Essence du Thé», dans le 6ème arrondissement de Paris, - que les titres de certaines peintures nous ont intrigué.

Notamment «Le rapt des Sabines», un immense tableau où des théières à versoirs agressifs s’affrontent en rangs serrés avec des théières déstabilisées. Ceci autour de l’enjeu, en évidence au centre du tableau : de douces poires, fruits aux courbes suaves. Sans chercher à lire dans ces images pleines d’allusions, nous interrogeons plutôt l’artiste, présent à la maison de thé. Bertrand Bellon nous dit qu’il s’est rendu compte, au fil des années, que, contrairement à l’apparence, les théières avaient un caractère très masculin.

Pour cette raison, il créait des compositions autour de formes plus douces et bien arrondies ; en l’occurrence de délicieuses poires.
Pourquoi des théières ? C’est, au cours de son enfance au Maroc, que sa famille a quitté en 1960, que Bertrand Bellon s’est attaché au rituel quotidien du thé à la menthe, à la fois rite domestique et rite de partage. Les différentes théières de la maison servaient en fonction du nombre de convives. Sa mère et sa grand-mère y infusaient du thé vert avec, chaque fois, une sorte de menthe différente. Lui même en cultive plusieurs sortes, dans le ravissant petit jardin de son magnifique repaire d’artiste parisien, installé dans un ancien atelier industriel, transformé en généreuse habitation et lieu de vie, assorti d’un atelier et de belles pièces de réception.
NB : l’endroit se visite d’ailleurs, fin septembre, lors des journées ouvertes de l’Association «le Ratrait», selon le nom de l‘ancien vignoble qui se trouvait là, au cœur du quartier de Ménilmontant.
Et plus tard il y a eu de nombreux voyages au Japon, en Chine, au Viet-Nam ou au Pakistan. Là, où le thé est présent, à chaque instant, dans les familles, comme sur les lieux de travail.

Pourquoi peindre ? Comment un universitaire arrive-t-il à la peinture ? Son grand-père était artiste dessinateur et il l’a observé à l’ouvrage pendant toute sa jeunesse. Attiré par l’objet d’art, il a toujours collectionné des œuvres d’art traditionnel, au cours de ses déplacements. Il s’est d’abord mis à la photographie, cherchant à fixer l’instant et l’angle unique sur pellicule. Avant d’installer son atelier de peinture il avait déjà un atelier de photographe argentique. Mais il se sentait très attiré par le trait et son carnet de dessin a toujours fait partie de ses bagages.

La peinture s’est alors imposée : mélange de souvenirs d’enfance, d’œil photographique et recherche de formes et de couleurs.
Pourquoi exposer ? C’est sa fille, elle-même diplômée des Beaux Arts, qui l’a défié de partager enfin son travail avec le public en proposant de lui organiser une exposition. Bertrand Bellon franchit le pas en octobre 2003 et expose une quarantaine de peintures à l’huile et encres de chine.

Cela plaît beaucoup et le confirmera dans l’objectif de poursuivre une carrière d’artiste peintre. Il participe à un grand nombre d’expositions en galerie, dans les festivals ou aux «Grands Marchés d’Art Contemporain» qui se tiennent à Paris deux fois par an ; mais aussi au Viet-Nam, à Karachi, au Japon ou en Tunisie. Parfois il partage un stand avec son frère, Renaud Bellon, créateur de mobilier en acier ancien et autres matières nobles de récupération. Une famille de créateurs !

Pourquoi devenir peintre à plein temps ? Peindre et exposer pour partager. Le partage est un désir permanent qui a d’abord orienté une carrière d’enseignant voué à la formation d’adultes, à un engagement dans des recherches collectives, comme à des missions de coopération successives à l’étranger. Après une longe carrière aux semaines de plus de 65 heures, Bertrand Bellon pense avoir vraiment suffisamment donné de son énergie, de son savoir et de son expérience à l’Université. Il décide, à 63 ans, de prendre sa retraite pour s’épanouir en tant qu’artiste à plein temps.
Comment devenir peintre à plein temps ? Pour approfondir ses connaissances et techniques artistiques il participe, chaque semaine, à plusieurs cours de dessin de danseurs et de modèles, ainsi qu’à des séances de couleurs. Après avoir enseigné pendant toutes ces années il est maintenant enchanté d’être, à son tour, celui qui écoute et apprend. Après quelques années, le métier continue de s’apprendre.
Quel peintre être dans son environnement ? De conviction pacifiste et simultanément militant actif pour la paix sociale et globale il se considère comme un pacifiste violent. Cette attitude l’implique aussi beaucoup dans son quartier et avec sa femme Blanche dans l’Association «le Ratrait». Il tient régulièrement «open house» pour des manifestations associatives artistiques.
Pour en revenir à l’exposition des théières. Cette riche complexité de vie est une ouverture pour comprendre le choix du thème des théières qui symbolisent selon Bertrand Bellon à la fois une expression du principe masculin-féminin, du Yin et du Yang ; autant que celui du partage.
Pour mieux faire connaissance avec l’artiste, reportez-vous sur : www.bertrandbellon.org.