Visite de «Okayti Tea Estate» au Darjeeling et découverte de ses thés chez Harrod’s à Londres. |
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Pankaj Chaubey le Plantation Manager, au centre |
Cette plantation se trouve directement sur la frontière avec le Népal, il n’y a qu’une route non asphaltée qui sépare les théiers d’Okayti des théiers de la plantation népalaise en face. L’usine est en bas de la côte et ainsi les sacs de thé peuvent être facilement transportés par camion rustiques, soit à Siliguri où se trouve l’aéroport, soit à Calcutta où se tiennent les ventes aux enchères.
| Nous sommes accueillis par Pankaj Chaubey (au centre sur la photographie) qui dirige et les jardins et l’usine depuis 15 ans. Comptant une surface de 600 ha, dont 230 ha de plantations de thé et le reste réservé aux cultures vivrières des villageois c’est une assez petite exploitation. Sur les 2 000 villageois seulement 700 travaillent à la cueillette, à l’entretien des théiers et à l’usine. Le bungalow du directeur est en haut de la côte, l’usine est en bas. Il nous y amène en 4X4, sur un raidillon empierré, à 5km à l’heure, impossible d’aller plus vite. |
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Cela permet toutefois de bien regarder la plantation et de voir qu’on y trouve quelques théiers d’une variété très peu fréquente : à feuilles petites et dorées voire cuivrées il s’agit du «cambodgia jat» qui ajoute une flaveur un peu sucrée à la tasse. En effet les thés d’Okayti sont très prisés au Japon, précisément pour cette saveur un peu sucrée et un peu céréalière.
L’usine est la plus ancienne installation industrielle du district de Darjeeling, elle est petite, très propre et compacte, plusieurs panneaux faisant référence à une coopération avec la célèbre épicerie de luxe du grand magasin londonien, «Harrod ’s». Le directeur nous propose de partager la dégustation de contrôle, c’est la période du «first flush» qui se termine, les tasses sont très pâles et d’une exquise saveur. Nous visitons les salles et notamment la salle de tri où les ouvrières tamisent en sélectionnant ainsi les grades les plus fins. Tous portent des masques pour une bonne hygiène, et d’immenses souffleries aspirent la poussière du thé vers l’extérieur, où une fine couche verte claire couvre l’asphalte de la cour.
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une des premières usines au Darjeeling |
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en face du Okayti TE les pentes du Népal |
La production d’Okayti est «bio» depuis plusieurs années et le directeur nous dit que la récolte annuelle est d’environ 150 000 kg, avec un rendement d’environ 650 kg/ha, ce qui est «raisonnable» pour une culture bio ici.
C’est en grimpant à nouveau vers le bungalow que nous croisons une jeep qui apporte des ferrailles pour une réparation à l’usine ; pour passer il faut manœuvrer un bon moment et travailler au millimètre près ; c’est là que Pankaj nous dit qu’il fait le chemin deux fois par jour à pieds, c’est plus simple, plus rapide et bon pour sa santé ; il a sûrement raison ! Au déjeuner il excuse son épouse, elle ne se sent pas très bien, et en aparté je l’entends dire : ici il n’y a rien, pas de voisins, aucune distraction, c’est très difficile pour elle, et cela fait 15 ans que nous sommes ici ! Deux beaux cadres de broderie ornent la salle à manger, c’est Madame qui les a dessinés et qui les a brodés.
C’est aussi Madame qui gère le jardin où fleurissent des rangées magnifiques d’amaryllis, en pleine terre, alors que chez nous on les fait fleurir dans des vases à Noël ; c’est vrai que la flore des contreforts de l’Himalaya est réputée pour ses nombreuses espèces magnifiquement colorées, les azalées, rhododendrons et autres, explorées et décrites par le célèbre botaniste américain Joseph Rock, raconté dans le beau roman d’Irène Frain «le Royaume des Femmes».
| Cette belle visite d’une journée terminée je promets d’aller voir la présentation des thés d’Okayti lors d’un prochain passage à Londres.
Quelques semaines plus tard se tiennent les réunions annuelles de l’International Tea Committee, occasion pour un tour chez «Harrod’s» et en effet au rayon des thés et cafés les thés d’Okayti sont bien installés et mis en valeur comme thés rares de qualité exceptionnelle.
Puisque il s’agit d’une dénomination d’origine protégée qui figure déjà sur les boîtes elle est complétée par l’indication de grades de qualités, références complémentaires données par des «noms propres» au catalogue des thés de chez Harrod ‘s : «Okayti wonder» puis «Okayti splendor» et «Okayti Treasure Gold», le plus exquis, vendu à 100£ les 100 grammes. Impressionnant ! | |