Le samovar : machine à thé et symbole de l’hospitalité russe. |
Nommé selon la bourgade frontalière sibérienne ce «traité de Kiakhta» prévoit le monopole d’état pour plusieurs marchandises dont le thé. Les conditions accordées au thé transporté par caravanes vers la Russie sont beaucoup plus favorables que celles accordées aux marchands occidentaux qui exportent le thé par bateaux en partant du port de Canton. Vers 1880 le tonnage de thé en partance pour Kiev, Moscou et St.Petersbourg est devenu énorme, on l’estime à environ 4 500 tonnes, à dos de chameaux!
Au départ les russes préparaient le thé en théières, en cuivre et en laiton, et c’est seulement vers 1750 que le samovar apparaît. Ce mot vient du russe «samovarit» et veut dire «qui bout lui-même» et c’est donc comme son nom l’indique une «machine à faire le thé». Elle se compose principalement d’un foyer à braises qui réchauffe une réserve d’eau, munie d’un robinet et posée sur un support et surmonté d’un petit récipient qui contient un thé noir très concentré, que l’on dilue dans sa tasse avec l’eau chaude tirée de la réserve.
Structuré ainsi à partir d’une dizaine de pièces différentes le processus de création du samovar fait appel à plusieurs métiers d’artisans de l’étameur, fondeur, ciseleur au menuisier. C’est vers le début du 19e siècle que la demande devient tellement importante que les centres traditionnels de fabrication qui existent à Toula dans l’Oural et à Moscou n’arrivent plus à fournir et que d’autres villes ouvrent des ateliers. Ainsi il y a aussi des samovars qui sortent d’ateliers de fabrication d’objets en or et en argent et qui sont des créations de grands maîtres artisans et d’artistes. |
Cette particularité spécifique rend souvent difficile l’attribution des objets à un atelier ou à une griffe de créateur, par contre on discerne aisément les signes du goût des différentes époques en fonction de l’interprétation des détails et des motifs de décoration. La complexité même de ces objets faisait néanmoins que même pour les productions à grande échelle et qui ne portaient que les poinçons des fabriques il est rare de trouver des samovars jumeaux identiques, car les proportions varient légèrement, le bec est en sabot ou en patin le couvercle du soupirail est arrondi ou en canette. Ainsi du fait de l’assemblage des nombreuses pièces même la production des samovars standards résultait en une multitude de modèles légèrement différents faisant donc de chaque samovar d’une certaine manière une «pièce unique».
Réalisés pour la plupart en cuivre ou en alliage de cuivre, laiton ou tombac on distinguent les samovars rouge -en cuivre-, les samovars rosés orangés - en tombac, ou alors jaune d’or - en laiton. Le laiton pouvait être argenté au mercure ou alors être plaqué d’argent. On trouve aussi des objets en bronze doré, en acier de Toula et en fonte. Dans les musées et certaines collections privées il y a aussi de très beaux samovars en argent.
Tout cela explique sans doute que cette mode a duré très longtemps et que les samovars sont de véritables objets de collection. De nos jours on peut en trouver qui ornent les tables des grandes réceptions, alors qu’ils ne sont plus chauffés aux braises mais électriquement.
Aussi le défi de leur complexité a toujours intéressé les orfèvres et les grands noms du design industriel.
Vous pouvez voir ici quelques «créations style samovar» conçus par des grands créateurs d’art nouveau et des modèles contemporains.
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